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Yasser Arafat Il Solitaire (página 4)


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Éternel survivant, il est sorti indemne de nombreux accidents de la route, d"un écrasement d"avion et a déjoué des dizaines de tentatives d'assassinat. Comme un chat aux neuf vies, il est toujours retombé sur ses pattes. À 75 ans, il lutte maintenant contre la mort dans un hôpital français.

« Chacun a son ben Laden, […] le nôtre s'appelle Yasser Arafat. » – Ariel Sharon, premier ministre israélien, au lendemain des attentats survenus aux états-Unis le 11 septembre 2001

« J'appelle le peuple palestinien á élire de nouveaux dirigeants, des dirigeants qui ne seraient pas compromis avec le terrorisme. Aujourd'hui, les autorités palestiniennes encouragent le terrorisme et ne s'y opposent pas. C'est inacceptable. » – le président américain, George W. Bush, le 24 juin 2002

Le lieu de naissance de Yasser Arafat est contesté. Lui affirme être né á Jérusalem. Mais, selon plusieurs sources, sa naissance est répertoriée au Caire, en égypte.

Sixiéme de sept enfants, Yasser Arafat naít au sein d'une famille de notables originaire de Jérusalem et il grandit en égypte. Il s'engage trés jeune dans la lutte nationaliste, dés le premier affrontement armé avec Israël. Il distribue des tracts et participe á des actions anti-israéliennes. Il revient poursuivre des études de génie civil au Caire. Arrêté á plusieurs reprises pour les activités politiques qu'il méne en égypte, il est invité á quitter le pays et part pour le Koweït, oú il fonde le Fatah au milieu des années 1960. Ce sera le noyau de la résistance, la premiére organisation politique palestinienne et la principale composante de l'Organisation de libération de la Palestine, qui regroupe alors tous les groupes de guérilla palestiniens. Il exerce une influence déterminante sur la Charte de l'OLP, qui nie á Israël le droit d'exister. Il deviendra ensuite le principal dirigeant de l'organisation, qu'il fera croítre grâce aux fonds fournis par les états arabes, producteurs de pétrole en tête.

Les années radicales L'OLP revendique son premier attentat le 30 décembre 1964, á minuit. Celui qui parcourt les rues de Beyrouth, la capitale libanaise, pour déposer le communiqué aux journaux, n'est nul autre que Yasser Arafat.

Ammar – c'est son nom de guerre – est un dirigeant militaire courageux qui voit l'action armée comme le principal moyen de combattre. Aux yeux d'Arafat, la lutte doit avant tout être prise en charge par les Palestiniens eux-mêmesAbu plutôt que par les régimes arabes. À l'aube des années 1970, sous sa direction, l'OLP recourt á la violence dans sa lutte contre Israël. Ses militants, radicaux, n'hésitent pas á détourner des avions, á prendre des otages, á commettre des actes terroristes, opérations qu'Arafat dirige et planifie.

Déjá, il ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté arabe. Les groupes palestiniens rivaux l'accusent notamment d'opportunisme et de complaisance envers les gouvernements arabes de droite, tandis que les gouvernements de certains pays « amis » lui reprochent de ne pas contrôler les éléments les plus extrémistes. D'autres pays combattront, au cours des années, cet homme qui gére une organisation assez efficace pour constituer un quasi-état dans leur propre état. Condamné pendant des décennies á l'errance, il est chassé d'Amman, en Jordanie, en 1970, lors de Septembre noir [voir encadré], puis de Beyrouth, en 1982, lors du siége israélien dans la capitale libanaise, puis de Tripoli, au Liban, en 1983. Il s'installe par la suite á Tunis. Le retour au bercail sera long; en tout, il aura mené une vie de nomade et d'exilé pendant trente ans.

SEPTEMBRE NOIR

Au terme de la guerre de 1967, Israël s'empare de la Cisjordanie, que la Jordanie avait annexée en 1949. Le noyau de la résistance palestinienne se situe alors en Cisjordanie, oú les combattants contrôlent une partie du territoire. Les actions palestiniennes ont pour conséquence de multiplier les incidents á la frontiére israélo-jordanienne. Cela accentue les frictions entre les dirigeants jordaniens et les Palestiniens. Cette tension culminera lors des sanglants événements de septembre 1970. Les troupes du roi Hussein s'opposeront aux organisations palestiniennes. Elles exécuteront prés de 3500 Palestiniens á Amman, la capitale jordanienne. En un an, tout foyer de résistance palestinien sera éliminé du territoire.

Le combattant change d'armes

Une poignée de main historique, celle que s'échangent Itzhak Rabin et Yasser Arafat, en 1993.

Sous son influence, l'OLP adopte progressivement, á partir des années 1970, une ligne plus modérée. Le chef s'oppose notamment aux actes de terrorisme perpétrés contre des intérêts étrangers et aux détournements d'avion. Yasser Arafat se comporte en chef d'état, participant aux Sommets arabes, obtenant la reconnaissance de plusieurs états, visitant les capitales arabes et entretenant des contacts réguliers avec des dirigeants politiques. Devant l'Assemblée générale de l'ONU, en 1974, il livre un vibrant plaidoyer en faveur d'une solution pacifique au conflit. Reconnaissant le droit des Juifs de vivre en Israël, il rencontre á de nombreuses reprises des politiciens israéliens modérés. Progressivement, il récolte l'appui de la communauté internationale.

Une autre de ses décisions aura plutôt l'effet inverse. Lors de l'invasion du Koweït par l'Irak, en 1990, Arafat se range derriére Saddam Hussein, contrairement aux états-Unis et aux riches pays arabes producteurs de pétrole du Golfe. Sa décision ménera á la faillite de l'OLP, puisque plusieurs états, comme l'Arabie saoudite et le Koweït, lui retirent alors leur soutien financier. Puis, dans les années 1990, les discussions secrétes entre Israël et l'Autorité palestinienne méneront notamment aux accords d'Oslo, conclus en 1993.

« L'OLP reconnaít le droit de l'état d'Israël á vivre en paix et dans la sécurité. […] Ainsi, l'OLP renonce á recourir au terrorisme et á tout autre acte de violence. » -extrait de la lettre de Yasser Arafat adressée á Itzhak Rabin (9 septembre 1993)

Ceux-ci lui vaudront, ainsi qu'au premier ministre israélien, Itzhak Rabin, et au ministre israélien des Affaires étrangéres, Shimon Peres, le prix Nobel de la paix. Dans la foulée de cette entente, l'ancien réfugié revient á Gaza, oú il est accueilli en véritable héros. Il met alors sur pied l'Autorité palestinienne, dont il assume la présidence. Les Palestiniens le confirment dans cette fonction lors de la premiére élection tenue dans les Territoires occupés. Tous les espoirs sont permis : la création d'un état palestinien semble possible, tout comme la paix entre Israéliens et Palestiniens.

L'un des cinq jurés du comité Nobel démissionna pour protester contre l'attribution du prix á Yasser Arafat.

UN HOMME DE POIDS

Yasser Arafat est á la fois le dirigeant du parti politique Fatah, le président de l'OLP (un rassemblement de plusieurs factions politiques) et le président de l'Autorité palestinienne.

À la croisée des chemins

Une image qui ne manque pas d'ironie, celle d'un ancien combattant – terroriste, disent les Israéliens – qui donne du sang pour venir en aide aux blessés victimes des attentats perpétrés aux états-Unis, le 11 septembre 2001. Depuis cette date, la lutte antiterroriste entreprise par Washington se répercute sur la question israélo-palestinienne. Les Palestiniens accusent Israël de profiter du choc produit par les actes terroristes commis aux états-Unis pour durcir la répression contre l'Intifada. Pour sa part, Israël accuse certaines organisations palestiniennes, comme le Fatah de Yasser Arafat, d'avoir participé á l'organisation des attentats.

Alors que le destin du dirigeant palestinien et l'issue d'un processus de paix de plus en plus incertaine se retrouvent liés depuis longtemps, Yasser Arafat a vu son avenir politique de plus en plus remis en question. Les Israéliens le tiennent responsable des attentats-suicides et de la violence, sans cesse en escalade depuis le déclenchement de la deuxiéme Intifada, en septembre 2000. À leurs yeux, le président de l'Autorité palestinienne n'est plus un interlocuteur valable. Devant la vague d'attentats-suicides qui déferle sur Israël, le gouvernement israélien décide même, au début du mois de décembre 2001, de confiner le dirigeant de l'Autorité palestinienne á Ramallah, en Cisjordanie. Cinq mois plus tard, l'armée israélienne lévera le siége du quartier général, mais Yasser Arafat ne récupérera pas pour autant sa liberté de mouvement.

« Regardez-les. Je les vois d'ici, leurs fusils pointés sur moi. » – propos rapportés dans Libération, le 26 janvier 2002 (faisant référence aux tireurs d'élite israéliens qui surveillaient son bureau)

Mais d'autres croient que Yasser Arafat n'a pas le pouvoir de faire arrêter les actes terroristes, et que ses appels pour que cessent les opérations-suicides continueront de se heurter á un mur tant que se poursuivront les opérations militaires israéliennes.

« Pour négocier et pour éradiquer le terrorisme comme pour construire la paix, Israël a besoin du partenaire qu'est l'Autorité palestinienne et son président élu, Yasser Arafat. » – énoncé de l'Union européenne du 28 janvier 2002

En vertu des réformes exigées par Israël et son allié américain, Yasser Arafat doit toutefois se résigner, en février 2003, á déléguer une partie de son pouvoir á un premier ministre.

Toutefois, pratiquement dés l"arrivée de Mahmoud Abbas au poste de premier ministre, commence une lutte de pouvoir dont Yasser Arafat sortira victorieux, entraínant la démission fracassante, en septembre de la même année, d"Abbas.

C"est aussi en 2003 que des membres du gouvernement Sharon vont jusqu'á proposer publiquement de « l'éliminer ». La trés forte réaction de la communauté internationale force le gouvernement Sharon á se rétracter, mais ils sont plusieurs en Israël á réclamer son exil.

Même parmi les siens, Yasser Arafat est loin de faire l'unanimité. Leader autoritaire, il a la réputation de ne pas partager le pouvoir. Certains vont jusqu'á le traiter d'égocentrique et de paranoïaque. Depuis le début du processus de paix, certains disent de lui qu'il craint qu'un négociateur ait du succés, puisqu'il constituerait ainsi une menace á son leadership. Les extrémistes palestiniens contestent son approche, croyant obtenir par la force ce qu'ils n'ont pas pu obtenir par la négociation, ou encore ils s'opposent carrément á l'existence d'Israël. ? Mais, ne serait-ce que pour ne pas plier devant Israël et le diktat américain, le peuple palestinien se soude derriére celui qui incarne, malgré eux, leur combat, lorsqu'on conteste sa légitimité et qu'on le menace.

Et que restera-t-il, en rétrospective, des efforts acharnés de Yasser Arafat pour voir naítre un véritable état palestinien ? « Le vent ne peut pas déraciner la montagne », se plaít á répéter le dirigeant. Reste á voir, maintenant, si un drapeau palestinien trouvera, dans l"aprés-Arafat, sa place au sommet de cette montagne.

 Il a dit…

« Je suis venu porteur d'un rameau d'olivier d'une main et d'une arme de combattant de la liberté de l'autre. Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber de ma main. » – á l'ONU, en novembre 1974

« On ne fera la paix qu'avec nos ennemis. Je suis prêt á parler avec Shamir*, avec Sharon, qui a déclaré dix fois qu'il me ferait la peau. Ils devront faire la paix avec moi, pas avec Baker.** »

– en 1989 * alors premier ministre d'Israël ** alors secrétaire d'état de George Bush pére

« Notre peuple poursuivra l'Intifada Al Aqsa jusqu'á ce que nous hissions le drapeau palestinien sur chaque mosquée, sur chaque église et sur les murs de Jérusalem. » – 29 mars 2001, au lendemain de la premiére opération militaire d'envergure lancée par le premier ministre d'Israël, Ariel Sharon, contre les Palestiniens

Ils ont dit :

Itzhak Rabin, alors premier ministre israélien : « De toutes les mains, celle d'Arafat est bien celle que j'ai le moins envie de serrer. » – septembre 1993

Ehud Barak, alors premier ministre israélien : « Les Palestiniens ne vont pas s'évaporer, disparaítre ou être déportés. Si les choses ne marchent pas avec Arafat, nous ferons la paix avec les enfants qui aujourd'hui nous lancent des pierres. » – 1er décembre 2000 au quotidien israélien Yediot Aharonot

Ariel Sharon, premier ministre israélien : « Je ne lui serrerai pas la main. Cela signifierait la fin du conflit. » – propos rapportés dans le Courrier international du 1er février 2001

George W. Bush, président des étas-Unis : « Il est important pour M. Arafat de non seulement renoncer á la terreur mais aussi d'arrêter ceux qui veulent terroriser les gens tentant d'Å“uvrer pour la paix. » – 28 janvier 2002

Anna Lindh, ministre suédoise des Affaires étrangéres : « La position américaine m'inquiéte beaucoup. J'estime que mettre sur le même plan Arafat et des terroristes est á la fois inapproprié et stupide. C'est une position trés dangereuse. » – 28 janvier 2002

George W. Bush, président des étas-Unis : « Yasser Arafat me déçoit. Il doit faire des efforts d'envergure pour éradiquer le terrorisme au Proche-Orient. Pour avoir la paix, il faut éliminer la terreur. Commander des armes qui ont été interceptées sur un navire se dirigeant vers cette partie du monde n'est pas un moyen de combattre la terreur, c'est renforcer la terreur. » – 28 janvier 2002

Dates clés:

1929 : naissance de Rahman Abdel Raouf Arafat al-Koudwa al Husseini

1948 : participe aux combats en Palestine, la même année de son entrée á l'université du Caire

1952-1956 : président de l'Union des étudiants palestiniens

1956 : obtient son diplôme d'ingénieur et participe á la guerre dans l'armée égyptienne lors de la crise de Suez

1957-1960 : travaille comme ingénieur au Koweït

1959 : fondation du Fatah

1964 : premier commando du Fatah

1969 : devient président de l'OLP

1970 : Septembre noir

1974 : l'OLP adopte le principe de la création d'un état sur l'ensemble du territoire qui sera évacué

1974 : au Sommet de Rabat, les pays arabes reconnaissent l'OLP comme le représentant légitime des Palestiniens

1974 : devant l'Assemblée générale de l'ONU, appelle les parties á la recherche d'une solution pacifique

1982 : quitte Beyrouth, au Liban

1982 : est reçu par Jean-Paul II

1983 : s'installe á Tunis

1987 : déclenchement de la premiére Intifada, la « guerre des pierres »

1988 : le Conseil national palestinien proclame l'indépendance de la Palestine tout en reconnaissant les résolutions 181, 242 et 338 de l'ONU; reconnaít le droit d'Israêl á exister

1989 : est nommé président de l'état palestinien autoproclamé

1990 : épouse Soha Tawil, une jeune femme de 27 ans

1991 : appuie Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe

1991 : conférence de Madrid, á laquelle participent les Palestiniens au sein d'une délégation commune avec la Jordanie

1992 : survit á l'écrasement de son avion, en Lybie

1993 : signature d'un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens; Arafat échange une poignée de main historique avec Itzhak Rabin, á Washington

1994 : revient á Gaza et met sur pied l'Autorité palestinienne, dont il assume la présidence; Israéliens et Palestiniens concluent un accord de coopération économique

1994 : Accords du Caire sur les modalités d'application de la Déclaration de principes

1994 : récipiendaire du prix Nobel de la paix avec Rabin et Peres

1995 : accéde á la tête de l'Autorité palestinienne

1995 : naissance de sa fille

1995 : signature des Accords d'Oslo II

1996 : Arafat remporte les premiéres élections tenues dans les territoires palestiniens, obtenant 87,1 % des voix

1996 : signature des accords de Wye Plantation

septembre 2000 : début de la deuxiéme Intifada

3 décembre 2001 : Yasser Arafat est confiné á Ramallah, en Cisjordanie, á portée des fusils israéliens

3 janvier 2002 : affaire du cargo Karine A : Israël intercepte un cargo rempli de 50 tonnes d'armes dans les eaux de la mer Rouge; le gouvernement israélien affirme que le chargement provient d'Iran et est destiné á l'Autorité palestinienne, mais Yasser Arafat nie toute implication de sa part

29 mars 2002 : le gouvernement d'Ariel Sharon qualifie Arafat d '« ennemi » et lance en Cisjordanie une offensive militaire d'envergure, l'opération « Rempart » : le dirigeant palestinien ne peut se déplacer que dans quelques piéces seulement de son quartier général

2 mai 2002 : l'armée israélienne léve son siége du quartier général de Yasser Arafat

24 juin 2002 : George W. Bush annonce son plan de paix; la création d'un état palestinien dépend notamment du départ de Yasser Arafat

14 février 2003 : Yasser Arafat céde aux pressions et doit déléguer une partie de son pouvoir á un premier ministre

6 septembre 2003: le premier ministre Mahmoud Abbas démissionne avec fracas de son poste; il est remplacé par Ahmed Qoreï.

29 octobre 2004: Yasser Arafat est hospitalisé dans un hôpital militaire de la banlieue parisien

LES ISRAÉLIENS

À l'origine : une visite d'Ariel Sharon

Arrivé á la présidence du Likoud en septembre 1999, Ariel Sharon fait sa véritable entrée en scéne un an plus tard. Désirant affirmer la souveraineté israélienne sur les Lieux saints de Jérusalem-Est, il se rend sur l'esplanade des Mosquées. Sa démarche provoque la colére des Palestiniens. Aux yeux d'une majorité d'Israéliens, cet événement ne fait que leur fournir un prétexte pour déclencher l'affrontement. La crise israélo-palestinienne se retrouve vite dans une impasse et dégénére une fois de plus en un conflit meurtrier.

La visite d'Ariel Sharon se répercute également sur la scéne politique israélienne. Celui qui était alors perçu comme un simple chef intérimaire voit sa popularité augmenter.

D'autre part, la crise qui s'ensuit fragilise le gouvernement du travailliste Ehud Barak, qui échoue á freiner l'escalade de la violence qui dégénére en une deuxiéme Intifada palestinienne. Certains partis quittent la coalition gouvernementale et Ehud Barak met en jeu son poste de premier ministre. Impopulaire dans les sondages, il retourne á la table de négociation deux semaines avant la tenue du scrutin, dans l'espoir de se présenter devant l'électorat avec un accord de paix. Ariel Sharon, qui s'est opposé á tous les accords de paix conclus dans les années 1990, promet pour sa part de ramener la sécurité et s'engage á adopter une position musclée face aux Palestiniens.

« Seul Sharon peut apporter la paix », disait son slogan électoral

Ehud Barak s'avére incapable de conclure un accord de paix avec les Palestiniens et, lors de l'élection de février 2001, le chef de la droite nationaliste, Ariel Sharon, inflige une cuisante défaite au premier ministre démissionnaire. Un mois aprés son élection, Sharon devient officiellement premier ministre d'Israël et forme un gouvernement d'union nationale, qui regroupe aussi bien des membres de l'extrême droite que des travaillistes, dont le prix Nobel de la paix Shimon Peres, qui obtient le portefeuille des Affaires étrangéres. Plusieurs travaillistes critiquent l'alliance entre leur parti et le Likoud.

Les opérations militaires

« Ce sera une campagne agressive et continue, sans répit, et lorsque l'autre partie comprendra qu'elle ne parviendra á rien par la terreur, il sera alors plus aisé d'ouvrir des négociations. » Ariel Sharon, 5 mars 2002

Pour contrer le soulévement palestinien, l'armée israélienne tire des balles caoutchoutées et réelles, sort ses chars et ses hélicoptéres, bombarde des immeubles. Dés octobre 2000, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution condamnant le « recours excessif » á la force par Israël (les états-Unis s'abstiennent de voter). Des organisations comme Amnistie internationale accusent pour leur part Israël de violer de façon majeure les droits de la personne, des actes qui pourraient, critiquent-ils, être qualifiés de « crimes de guerre ». Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, a réitéré á de multiples reprises son opposition catégorique au déploiement d'une force d'observateurs militaires de l'ONU que réclament les Palestiniens afin de protéger la population palestinienne des abes des forces de sécurité israéliennes.

« Crimes de guerre »

Depuis des années, Amnistie internationale dénonce les actions israéliennes, plus particuliérement sur le plan militaire. L'organisation critique ce qu'elle considére comme des actes de torture, de détentions arbitraires, de meurtres illégaux, d'exécutions extrajudiciaires et de punitions collectives á l'encontre des civils palestiniens. D'autres organisations de défense des droits de la personne joignent leur voix á celle de AI. Selon les organisations palestiniennes, le tiers des victimes palestiniennes ont moins de 18 ans.

La violence comme outil de paix…

Au fil des mois, Israël intensifie ses opérations militaires, et ce de façon plus marquée depuis l'investiture d'Ariel Sharon. Blocus militaires, bombardements, incursions dans des villes autonomes et réoccupation de zones autonomes, recours aux chasseurs F-16, destruction de bâtiments ou de secteurs qui abriteraient ou aideraient des activistes palestiniens : Israël met en Å“uvre une gamme d'actions de représailles, censées mettre un terme aux attentats et détruire les infrastructures des combattants palestiniens ou les symboles de l'Autorité palestinienne, soupçonnée de soutenir les activistes. Pour freiner l'action des groupes extrémistes, le gouvernement d'Ariel Sharon décide également de procéder á l'assassinat ciblé d'activistes et de responsables palestiniens, comme Abou Ali Moustapha, chef du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), éliminé en août 2001, ou le chef militaire du Hamas, Salah Chéhadé, en juillet 2002.

Une bavure militaire

En juillet 2002, l'armée israélienne élimine le chef militaire du Hamas, Salah Chéhadé, soupçonné d'avoir organisé des douzaines d'attentats suicide, en larguant une bombe sur son quartier général, situé dans un quartier densément peuplé; son garde du corps meurt lui aussi. Mais les voisins sont eux aussi touchés: 13 civils, dont neuf enfants, meurent également dans l'attaque.

Au départ, Ariel Sharon en parle comme l'un « des plus grands succés de l'armée israélienne », tandis que la communauté internationale, incluant les états-Unis, condamne vivement l'opération militaire. Le premier ministre se rétracte par la suite, disant qu'il n'aurait pas autorisé une telle action s'il avait connu les résultats. D'autres politiciens qui s'étaient eux aussi félicités de l'attaque, tenteront de prendre leurs distances par rapport á l'opération. L'Autorité palestinienne accuse Israël d'avoir compromis le processus de paix, puisque, quelque temps avant le bombardement, son nouveau ministre de l'Intérieur aurait obtenu des groupes radicaux, dont le Hamas, qu'ils concluent une trêve dans les attentats suicide visant des civils.

Le 11 septembre au secours d'Ariel Sharon

Jouisant d'un réputation de plus en plus mauvaise sur la scéne internationale en raison des campagnes militaires de son gouvernement contre les Palestiniens, les événements du 11 septembre 2001 aux états-Unis, ont fournit un prétexte de taille au premier ministre Sharon qui a aussitôt inscrit les actions militaires de son gouvernement contre les Palestiniens dans le cadre de la guerre antiterroriste qu'a entrepris Washington au lendemain des attentats. Ariel Sharon a d'ailleurs tenté d'assimiler Yasser Arafat á Oussama ben Laden, mais sans grand succés.

« Arafat est responsable de tout ce qui se passe. Il a choisi la voie du terrorisme. » Ariel Sharon, 12 décembre 2001)

Quand l'attaque constitue la meilleure défense

Sur le terrain, l'armée israélienne explique ses opérations par les attentats palestiniens et par l'« inaction » de l'Autorité palestinienne. La campagne militaire israélienne, a averti Sharon en mars 2002, est nécessaire au retour au processus politique permettant de trouver une solution au conflit. Pour reprendre les négociations, le chef du gouvernement israélien exige l'arrêt complet des attentats palestiniens.

Depuis la fin du mois de février 2002, le conflit menace de dégénérer en guerre totale. Avec l'incursion israélienne dans des camps de réfugiés palestiniens, soupçonnés d'abriter des militants, le gouvernement Sharon démontre qu'aucun des territoires palestiniens n'est á l'abri de représailles. Tandis que l'état hébreu poursuit sa campagne militaire, la communauté internationale appelle Israël á plus de retenue. Cela n'empêche pas l'armée israélienne de lancer, fin mars 2002, l'opération « Rempart », sa plus vaste offensive en Cisjordanie depuis juin 1967, pendant laquelle surviennent notamment le siége de l'église de la Nativité, á Bethléem, et des combats acharnés á Jénine. L'état hébreu procéde également á des arrestations par centaines, notamment á Naplouse, Bethléem, Hébron et Jénine. Aprés la fin de l'opération, les troupes israéliennes poursuivent leurs actions, décrites comme étant « préventives », invoquant la nécessité d'arrêter des terroristes et de démanteler leurs infrastructures. Mais malgré les dispositifs de sécurité mis en place, les incursions militaires et le bouclage des territoires occupés, les attentats suicide se poursuivent contre la population israélienne.

« Nous devons poursuivre nos opérations intensives contre Yasser Arafat et l'Autorité palestinienne, cet empire du mensonge. » Ariel Sharon, 3 mars 2002

 Un mur de sécurité

Israël a amorcé, en juin 2002, la construction d'un mur le long de la « ligne verte » (la frontiére de 1967, avant la guerre de Six Jours), entre la Cisjordanie et le territoire israélien. Destiné á empêcher les kamikazes palestiniens de pénétrer en Israël, ce mur de huit métres de haut, qui sera construit en trois ou quatre phases, s'étendra sur 350 km. Les villes cisjordaniennes d'oú proviennent les kamikazes, comme Jénine, Naplouse, Tulkarem et Kalkilya, seront ainsi isolée de l'état hébreu. Jérusalem sera pour sa part coupée de la Cisjordanie.

Le mur se substituera aux barriéres qui se sont révélées inefficaces. La premiére phase du projet, qui devrait prendre six mois, se fera sur 100 km, contournant Jénine jusqu'á un point au nord-est de Tel-Aviv. Le tout devrait être complété en deux ou trois ans. Le coût de ce projet, qui inclura également des zones tampons, des barrages et des postes d'observation : un million de dollars américains du kilométre.

Ce projet est contesté, notamment par l'extrême droite israélienne. Les colons et leurs défenseurs craignent que ce mur sonne le glas de leurs revendications territoriales, en constituant une premiére étape vers un tracé officiel de la frontiére séparant l'état hébreu d'un éventuel état palestinien. Craignant également que les kamikazes se retournent contre eux s'ils ne peuvent aller en Israël, ils font des pressions pour que leurs colonies se retrouvent á l'extérieur du mur. Les leaders palestiniens crient pour leur part au « racisme sioniste » et á un nouvel apartheid.

Les citoyens israéliens

L'escalade de la violence méne rapidement á des gestes extrémistes. Dans les premiéres semaines qui suivent le déclenchement de la deuxiéme Intifada, les Israéliens sont particuliérement choqués par le meurtre de deux soldats israéliens, battus par une foule de Palestiniens, á Ramallah. L'image d'un Palestinien qui a participé au lynchage montrant ses mains ensanglantées révolte la population israélienne. Au fil des mois, les attentats perpétrés par des militants palestiniens durcissent l'opinion publique israélienne. Souhaitant retrouver la sécurité, les Israéliens font le pari qu'Ariel Sharon réussira lá oú Ehud Barak a échoué. Mais l'élection du faucon de la droite israélienne ne sonne pas la fin des attentats, qui répondent aux opérations militaires israéliennes. Si depuis sa création Israël applique la loi du Tallion, les Palestiniens semblent aussi l'avoir adopté en rendant chaque mort palestinien par un mort israélien.

Les colons

Les colons, qui n'ont pas l'intention de rétrocéder leurs terres aux Palestiniens, sont de ceux qui réclament des solutions plus radicales pour mettre fin au conflit. Considérés par les Palestiniens comme des intrus occupant leur territoire, les colons juifs de la bande de Gaza et de Cisjordanie représentent des cibles privilégiées pour les tireurs embusqués ou pour ceux qui commettent des attentats á la bombe. Un exemple: le 20 juin 2002, des Palestiniens ont tiré sur des colons d'Itamar, en Cisjordanie, tuant notamment une mére et trois de ses enfants.

Les militaires sont eux aussi visés par les attaques palestiniennes, une stratégie venue récemment s'ajouter aux attentats suicide de façon encore plus marquée. érigés pour assurer la sécurité sur les routes menant aux colonies juives, les barrages de l'armée se sont souvent avérés des cibles faciles pour les activistes palestiniens. Les soldats de métier ne sont pas les seuls á risquer leur vie puisque, avec le service militaire obligatoire, une portion de la population civile, hommes et femmes, se retrouve de plus en plus dans la ligne de tir des groupes armés palestiniens. Une situation qui fait resurgir le spectre du Liban sud, oú de nombreux soldats ont perdu la vie au cours des 22 ans d'occupation israélienne.

Le service militaire obligatoire

Tous les garçons doivent faire leur service dans l'armée pendant trois ans, tandis que cette période est ramenée á 21 mois pour les filles. Les hommes demeurent réservistes jusqu'á 49 ans : ils endossent l'uniforme pour des périodes qui peuvent dépasser un mois par année. Les ultranationalistes sont toutefois exemptés du service militaire obligatoire. Dans la foulée d'une loi adoptée en 2002, les paiements de sécurité sociale de quiconque n'a pas effectué son service militaire sont coupés, une mesure qui affecte principalement les Arabes israéliens.

Les Israéliens frappés dans leurs villes

Mais ce qui reste encore moins acceptable aux yeux des Israéliens que la mort de leurs soldats, c'est les attaques terroristes sur leur propre territoire. Un jour, prés de Tel-Aviv, un Palestinien lance son autobus contre un groupe de civils et de soldats, tuant huit Israéliens et en blessant une vingtaine d'autres; par la suite, un kamikaze entraíne cinq Israéliens dans la mort et en blesse une centaine d'autres dans un centre commercial prés de Netanya; un jour, deux adolescents juifs sont retrouvés poignardés et lapidés; un soir, un kamikaze se fait exploser devant une discothéque de Tel-Aviv. Bref, les Palestiniens transportent la terreur au coeur des villes israéliennes.

Vivre dans la peur

Plus qu'aucun autre peuple, les citoyens israéliens, oú qu'ils soient, vivent dans la crainte de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment. L'attentat terroriste peut aussi bien frapper dans un petit village que dans une grande ville comme Jérusalem ou Tel-Aviv. Aux yeux de plusieurs, la mort d'Israéliens innocents justifie la répression á l'endroit des Palestiniens, d'autant plus que des enfants figurent souvent au nombre des victimes. À l'extérieur des colonies, de plus en plus d'Israéliens semblent cependant prêts á céder les colonies, croyant que cette solution pourrait ramener la paix en territoire israélien.

Au nom des enfants israéliens tués, un groupe d'extrême droite israélien a par ailleurs, en mars 2002, perpétré un attentat contre des Arabes israéliens, une premiére depuis le déclenchement des hostilités. L'attaque á la bombe, survenue prés d'une école de Jérusalem-Est, a fait huit blessés, dont sept écoliers. Il reste á voir s'il s'agit d'un geste isolé ou si cela traduit le début d'un cycle d'attentats dont sera victime la population arabe vivant en Israël.

L'économie israélienne durement touchée

L'escalade de la violence se répercute aussi sur l'économie israélienne: le taux de chômage dépasse la barriére des 10 % pour la premiére fois en neuf ans, l'inflation atteint un niveau record, le produit intérieur brut (PIB) a reculé, et les investissements étrangers ont chuté. Quant au shekel, la monnaie nationale, il a perdu prés de 20 % de sa valeur par rapport au dollar américain, depuis le début de 2002 seulement. Les dépenses militaires augmentent et Israël se retrouve confronté á un important déficit budgétaire, tandis que le tourisme connaít des jours difficiles. En somme, trois ans d'Intifada ont considérablement malmené l'économie israélienne, une crise renforcée par l'effondrement de l'industrie technologique.

La politique d'Ariel Sharon inefficace… mais plébiscitée

Avant d'être élu en 2001, Ariel Sharon s'était engagé devant les Israéliens á ramener la sécurité au pays. sa promesse est restée lettre morte. Il assure cependant qu'Israël « continuera á combattre le terrorisme avec toute sa force ».

Les élections de 2003 l'ont reporté au pouvoir, sans pour autant que sa politique ait fait ses preuves. La sécurité intérieure est devenue la préoccupation majeure de la population israélienne. Elle souhaite des réponses concrétes á ses inquiétudes. Ariel Sharon est perçu comme l'homme fort de la situation, un patriarche expérimenté. Le Likoud bénéficie á présent de plus du quart des 120 siéges de la Knesset, contre 19 avant les élections de janvier 2003. Le taux de participation a néanmoins été l'un des plus faibles jamais enregistrés dans l'histoire du pays, soit moins de 65 %.

Un timide mouvement en faveur de la paix

Aprés l'échec des pourparlers de Camp David á l'été 2000, la gauche israélienne semblait avoir délaissé la voie de la négociation, expliquant l'impasse des discussions par l'intransigeance du leader palestinien, Yasser Arafat.

Mais devant la violence qui atteint sans cesse de nouveaux sommets, émerge lentement un mouvement en faveur de la reprise des négociations et du démantélement de certaines colonies juives implantées dans les territoires palestiniens. À titre d'exemple, en février 2002, une marche pour la paix a rassemblé á Tel-Aviv quelque 15 000 Israéliens.

Le nombre croissant de soldats tués améne en outre plusieurs Israéliens, incluant un mouvement constitué par des méres de soldats, á réclamer également le retrait des troupes engagées en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Au sein de l'armée, plusieurs dizaines d'officiers de réserve ont annoncé leur refus de servir dans les territoires occupés et de prendre part á ce qu'ils appellent une « force d'occupation ». Même si ces manifestations se sont multipliées, ce phénoméne reste pour l'instant marginal au sein de la population israélienne. Un récent sondage, réalisé par l'organisation La Paix maintenant, qui s'oppose á la colonisation, indique toutefois que la majorité des colons seraient disposés á quitter le territoire palestinien, á la condition de recevoir une indemnisation gouvernementale : 68 % se plieraient alors á la directive, tandis que seuls 2 % seraient enclins á résister par la violence.

« Nous ne continuerons pas non plus á nous battre au-delá de la ligne verte [qui sépare Israël des territoires palestiniens] dans le but d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier. » extrait d'une pétition signée par 52 réservistes de l'armée, en janvier 2002

Un projet de loi contesté

Déposé par le rabbin Haïm Druckman, un député du Parti national religieux, un projet de loi adopté en juillet 2002 réserve l'achat de terres du domaine public aux juifs. La mesure législative permet de contourner une décision de la Cour suprême, qui interdisait toute discrimination envers les Arabes israéliens, prise deux ans plus tôt. Les partis de gauche dans l'opposition comme les partis arabes crient au racisme. En fait, même le ministre Shimon Peres a critiqué cette décision. Certains ont même assimilé cette mesure á une forme d'apartheid. Jusqu'á maintenant, les municipalités arabes d'Israël n'occupaient que 3 % des terres, même si les Arabes, avec un million d'habitants, comptent pour 18 % de la population israélienne.

« La minorité arabe constate que le racisme s'intensifie en Israël sous ce gouvernement. Avant, le racisme existait dans la pratique, mais jusqu'á maintenant, il n'était pas légitimé par des lois. »

Ahmed Tibi, député de la Knesset

« Cela ne reléve pas du tout de quelque forme de discrimination, mais se fonde plutôt sur la base même du sionisme: le retour du peuple juif sur sa terre. » Limon Livnat, député de la Knesset, membre du Likoud

Le faucon Ariel Sharon

 « Israël ne prend jamais l'initiative de la guerre. Cette guerre terroriste, comme les guerres du passé, nous a été imposée.  » 3 décembre 2001

Aussi combatif sur les champs de bataille que dans l'aréne politique, Ariel Sharon a été plébiscité lors des élections législatives du 28 janvier 2003. Si l'ancien général de presque 75 ans représente, pour une tranche de la population israélienne, un véritable héros de guerre, ardent défenseur des droits d'Israël, il reste aux yeux des Palestiniens un nationaliste intransigeant, responsable de massacres de civils. L'homme fort israélien s'était engagé á ramener la sécurité au pays par des méthodes musclées. Sa stratégie n'a pas réussi á endiguer les attentats anti-israéliens, mais il reste, pour un grand nombre d'électeurs israéliens, l'homme fort de la situation.

Fils d'immigrants russes devenus agriculteurs, Ariel Sharon est propriétaire de la principale exploitation agricole du pays. Il posséde également une licence en droit et en études du Moyen-Orient.

Militaire courageux, Ariel Sharon a fait les cinq guerres d'Israël. Lors de la guerre de 1956, la brigade de parachutistes qu'il dirige s'enfonce profondément derriére les lignes ennemies du Sinaï, en égypte, une décision qui causera la mort d'environ 40 de ses hommes. Mais, en 1967, commandant les blindés dans le Sinaï, il orchestre une opération qui réussit. Fin stratége, il laissera son nom dans l'Histoire pour avoir franchi le canal de Suez á la tête de 27 000 hommes, une opération risquée qui changera le cours de la guerre du Kippour. En 1953, l'Unité 101 dynamite une quarantaine de maisons dans le village cisjordanien de Kibya. Bilan de l'expédition punitive : 69 morts, dont plus de 50 civils, en trés grande majorité des femmes, des enfants et des vieillards.

Ministre de l'Agriculture sous Menahem Begin, il est, dés la fin des années 1970, le pére de la colonisation á grande échelle dans les territoires occupés, sur le plateau du Golan et dans le Néguev. Au début des années 1990, ce défenseur du « Grand Israël »

occupe un autre portefeuille qui lui permet de poursuivre dans cette voie, celui du Logement et de la Construction.

Les massacres de Sabra et Chatila

C'est cependant comme ministre de la Défense, au début des années 1980, qu'il a davantage imposé ses politiques. C'est á cette époque que l'armée israélienne envahit le Liban, en juin 1982, lors d'une campagne destinée á expulser de ce pays Yasser Arafat et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Décision controversée, l'invasion du Liban a coûté la vie á des dizaines de soldats israéliens au cours des 22 ans qu'a duré l'occupation.

Quelques semaines plus tard, avec l'accord tacite de l'armée israélienne, voire son soutien logistique, la milice chrétienne du Liban alliée d'Israël, les phalangistes, pénétre dans les camps de Sabra et Chatila, á Beyrouth-Ouest. Quelque 800 Palestiniens et Libanais qui y étaient réfugiés sont massacrés. Une commission gouvernementale tiendra Ariel Sharon indirectement responsable de ce carnage. À la suite de cette décision, il est relevé de ses fonctions, mais il reste un ministre sans portefeuille.

Partes: 1, 2, 3, 4, 5
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