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Yasser Arafat Il Solitaire (página 2)


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En juillet 2000, l'impasse des discussions de Camp David, aux états-Unis, a exacerbé les tensions déjá palpables entre Israéliens et Palestiniens. Ces derniers ont alors l'impression qu'on exige d'eux trop de concessions, alors que c'est Israël qui occupe leurs territoires. C'est dans ce

PRINCIPAUX POINTS EN LITIGE

Le 13 septembre 1993, Israéliens et Palestiniens ont signé une déclaration de principes sur l'autonomie palestinienne. Cette entente prévoyait une période de cinq ans pour régler les questions les plus délicates. Or, aucune d'entre elles n'a abouti á une solution, malgré les multiples négociations des derniéres années. Les deux parties ont établi certaines limites en deçá desquelles elles refusent d'aller, et leurs positions se sont jusqu'á maintenant avérées irréconciliables.

Les territoires occupés : sécurité, statut et frontiéres

Israël se dit prêt á accepter la création d'un état palestinien qui ne s'étendrait pas jusqu'aux lignes du 4 juin 1967, c'est-á-dire avant la guerre des Six Jours. Les Israéliens exigent de plus que sa souveraineté militaire soit limitée. Ils réclament également le contrôle des frontiéres est et sud (avec la Jordanie et l'égypte). En décembre 2000, les négociateurs israéliens avaient proposé de restituer 88 % de la Cisjordanie. L'état hébreu aurait conservé le territoire restant, qui aurait compris les colonies juives existantes et l'espace nécessaire á la construction de routes de contournement. En échange, Israël aurait cédé une portion de territoire prés de la bande de Gaza.

Les Palestiniens ne sont pas prêts á laisser aller une aussi grande portion de territoire en Cisjordanie. Conformément á la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, ils revendiquent la totalité des territoires occupés depuis 1967. Ils réclament la souveraineté sur leurs frontiéres, un principe qui ne doit pas, selon eux, se subordonner aux inquiétudes des Israéliens par rapport á leurs voisins arabes. Ils exigent d'ailleurs le retrait total des troupes israéliennes. Aprés avoir proclamé son indépendance, l'état palestinien pourrait développer des liens fédéraux avec la Jordanie, une solution déjá envisagée.

Certaines propositions prévoyaient qu'Israël continue d'assurer une présence militaire, des stations d'alerte de même que des zones de déploiement d'urgence en Cisjordanie. La présence de forces internationales ainsi que le droit pour les Israéliens de n'intervenir qu'en cas de danger extérieur constituent d'autres possibilités.

Les colonies de peuplement

Plus de 200 000 Juifs vivent dans une centaine de colonies réparties en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et á Jérusalem-Est, morcelant ainsi le territoire palestinien. La construction des colonies s'est amorcée aprés la guerre israélo-arabe de 1967. À l'issue de ce conflit, Israël a agrandi son territoire en gagnant le contrôle sur des territoires alors possédés par l'égypte et la Jordanie. La plupart des colonies construites contreviennent á des résolutions de l'ONU, et la résolution 465 du Conseil de sécurité exige même leur démantélement.

Les Palestiniens revendiquent ces territoires, s'appuyant sur ces résolutions des Nations unies, mais aussi sur la quatriéme Convention de Genéve et sur la déclaration de principes israélo-palestinienne de 1993. Par cette derniére entente, les deux parties s'engageaient á ne rien faire qui nuirait aux négociations sur le statut définitif des territoires. L'Autorité palestinienne ne s'oppose toutefois pas á ce que les colons continuent de vivre sur ces territoires, á condition qu'ils acceptent la souveraineté palestinienne.

La grande majorité des colons s'oppose á toute rétrocession de terres aux Palestiniens, légitimant leur présence par ce qu'ils considérent comme leur droit biblique á cette partie d'Israël, berceau de la civilisation juive. Le premier ministre Itzhak Rabin a été assassiné en 1995 par un nationaliste israélien, proche de colons juifs radicaux. La sécurité dans ces enclaves juives est précaire, et l'armée israélienne doit souvent déployer des troupes pour protéger les civils.

Les réfugiés palestiniens

En 1948 et en 1967, l'avancée des forces israéliennes a provoqué la fuite ou l'évacuation de centaines de milliers de Palestiniens hors de leur patrie. En comptant les réfugiés et leurs descendants, ils sont prés de quatre millions dispersés dans le monde. La plupart d'entre eux vivent retranchés dans des camps, situés dans la bande de Gaza, en Cisjordanie ou dans les pays voisins, soit la Syrie, la Jordanie et le Liban. La diaspora palestinienne s'étend aussi prés du golfe Persique (en Arabie saoudite, au Koweït et aux émirats arabes unis), aux états-Unis, en Argentine, au Chili et au Brésil.

Souvent mal intégrés dans leur pays d'accueil, ils invoquent leur droit au retour. La résolution 194, adoptée en 1948 par l'Assemblée générale de l'ONU, reconnaít ce droit á ceux qui désirent revenir, et prévoit le versement d'indemnités pour les autres. Pour les Palestiniens, l'acceptation de ce principe par l'état hébreu équivaudrait á une reconnaissance des dommages occasionnés.

Mais Israël ne se considére pas responsable, moralement ou juridiquement, du probléme des réfugiés. Craignant pour la sécurité du pays, le gouvernement israélien avance que le retour d'un si grand nombre d'habitants arabes briserait l'équilibre ethnique actuel en diluant la portion israélienne de sa population. Israël souhaite plutôt que la majorité des réfugiés deviennent citoyens des pays hôtes de langue arabe, ce á quoi ces derniers se refusent.

Plus de deux millions de Palestiniens vivent au Liban, en Syrie et en Jordanie. Plusieurs analystes estiment que la solution avancée par les Israéliens déstabiliserait ces pays d'accueil.

L'état hébreu se dit toutefois prêt, pour des raisons humanitaires, á accepter le retour de quelques milliers d'entre eux, échelonné sur plusieurs années. Il accepterait aussi de contribuer en partie á un fonds international, qui indemniserait également les Juifs qui ont quitté des pays arabes.

La question de l'eau

L'eau étant une ressource rare au Moyen-Orient, ce point revêt une importance non négligeable. Le tiers des ressources en eau potable d'Israël provient de trois nappes phréatiques situées partiellement ou complétement en sol cisjordanien. Les Israéliens entendent garder le contrôle de ces étendues d'eau, ce á quoi s'opposent les Palestiniens. La question devait être réglée lors de la période intérimaire, mais les deux parties l'ont réservée pour les négociations finales en raison de sa complexité.

Le statut de Jérusalem

La Ville trois fois sainte se trouve au cÅ“ur du litige israélo-palestinien. Berceau des grandes religions monothéistes, Jérusalem compte bon nombre d'importants hauts lieux juifs, musulmans et chrétiens, situés principalement dans la partie est de la ville. C'est lá que se trouve l'esplanade des Mosquées, avec la mosquée Al-Aqsa, troisiéme des Lieux saints de l'islam et, dans ses sous-sols, le mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme. La ville revêt donc pour les deux communautés une importance historique, religieuse et symbolique. Souveraineté partagée, création d'une zone internationale, contrôle du quartier juif aux Juifs et du quartier arabe aux Arabes, la solution est loin d'être retenue.

En septembre 2000, Ariel Sharon, alors dirigeant du Likoud, a visité l'esplanade des Mosquées, ce qui a constitué le point de départ de l'Intifada palestinienne.

Qu'est-ce que le mur des Lamentations ?

Le roi David conquiert Jérusalem au XIe siécle avant J.-C. et en fait la capitale religieuse et politique des Hébreux. Il fait venir l'Arche d'Alliance, qui contient les dix commandements que Yahvé aurait donnés á Moïse. Salomon, qui succéde á son pére David, fait construire un temple oú sera placée l'Arche. Le temple est détruit au Ve siécle avant J.-C., mais un deuxiéme sera bâti á l'époque d'Hérode, quelques siécles plus tard. Les Romains y ont mis le feu il y a 2000 ans. Vestige de ce temple, le mur des Lamentations s'est transformé au cours des années en important lieu de pélerinage. Il tire son nom du fait que les fidéles viennent y pleurer la destruction du temple. Une partie du mur est réservée aux hommes, et une autre aux femmes.

Le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa

Selonles musulmans, Mahomet se trouvait sur cet emplacement lorsqu'il s'est élevé au ciel pour recevoir le Coran. Pour lui rendre hommage, on lui érigea ce sanctuaire á la fin du VIIe siécle. Un poil de la barbe du Prophéte y est conservé. Aussi appelé mosquée d'Omar, le Dôme abrite le rocher sur lequel Abraham se serait préparé á sacrifier son fils Isaac aprés que Dieu le lui eut demandé. Il est construit sur l'emplacement du Temple d'Hérode. La mosquée Al-Aqsa est située sur l'esplanade des Mosquées, aussi appelée Haram al-Sharif. Il s'agit du troisiéme des Lieux saints de l'islam.

Jérusalem-Est se divise en trois quartiers principaux auxquels s'ajoute un quartier arménien: Musulman : nord-est Juif : sud-est Chrétien : nord-ouest

Population totale de Jérusalem (parties est et ouest): 600 000 habitants Religions Juifs : 70 % Musulmans : 26 % Chrétiens : 3 % Autres : 1 %

En 1947, le plan de partage de la Palestine établi par l'ONU accordait á Jérusalem un statut international. L'organisation se donnait le mandat d'administrer la ville. Quelques mois plus tard, Israël faisait la conquête de la partie ouest; la partie orientale, peuplée uniquement de Palestiniens, revenait aux Jordaniens. Lors de la guerre des Six Jours, en 1967, les Israéliens ont commencé á occuper la partie arabe. Au fil des années, ils ont exproprié les Palestiniens sur des centaines d'hectares de terre, élargissant ainsi les limites de la ville pour y construire des quartiers juifs. Une quinzaine de villages palestiniens a ainsi été annexée en trois décennies. Résultat : quelque 300 kilométres carrés isolent maintenant Jérusalem-Est de la Cisjordanie.

Les Palestiniens considérent Jérusalem-Est comme un territoire occupé qu'Israël est tenu de libérer. Pour eux, le statut de la ville devrait respecter la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée á la suite de la guerre des Six Jours. Non seulement souhaitent-ils la pleine souveraineté sur leurs Lieux saints, mais ils revendiquent également cette partie de la ville comme capitale de leur futur état. Ils acceptent cependant qu'aucune frontiére ne divise la ville et promettent de ne pas nuire á la liberté de culte aux sites religieux.

Petit probléme lexical : la version française de cette résolution parle de restitution « des » territoires occupés pendant la guerre tandis que la version anglaise parle plutôt « de » territoires.

Mais les Israéliens considérent Jérusalem comme une « ville entiére et unifiée », dont ils défendent l'indivisibilité. Le 30 juillet 1980, la Knesset a fait de Jérusalem sa « capitale éternelle », malgré l'opposition de la communauté internationale et la condamnation de cette décision par l'ONU dans la résolution 478. Le parlement israélien et les différents ministéres sont donc installés dans la partie occidentale de la ville, mais la plupart des états ont encore leur ambassade á Tel-Aviv, ancienne capitale de l'état hébreu.

De tous les états membres des Nations unies, seuls le Costa Rica et le Salvador ont reconnu Jérusalem comme capitale de l'état hébreu.

LA VALSE DES PLANS DE PAIX

Depuis septembre 2000, les initiatives de paix se sont multipliées sans jamais trouver d'écho sur le terrain. À chaque avancée de la paix au Proche-Orient, une incursion militaire, une campagne d'attentats-suicides ou un assassinat ciblé ont chaque fois réduit á néant tout plan de paix. Malgré tout, la communauté internationale continue d'inciter les deux parties á faire cesser la violence qui les déchire depuis plus de 50 ans. Dernier plan sur la liste, le pacte de Genéve a été négocié loin des projecteurs par des intellectuels et des politiciens israéliens et palestiniens… qui n'ont cependant pas le pouvoir. Alors que la « feuille de route » est dans l'impasse, ce plan non officiel a le mérite de prouver qu'un accord est possible.

12 octobre 2003 : le pacte de Genéve

Alors que le processus de paix officiel stagne depuis des années, une poignée de personnalités a négocié en secret un accord ambitieux, réglant une fois pour toutes l'ensemble des points litigieux. Parrainé par de nombreuses personnalités, dont les Prix Nobel de la paix Jimmy Carter (ancien président des états-Unis) et Nelson Mandela (ancien président d'Afrique du Sud), l'accord a été signé á Genéve, en Suisse, le 1er décembre 2003. La cérémonie a rassemblé les délégations israélienne et palestinienne, composées de 200 personnes chacune. S'appuyant sur le cadre de négociation du processus de paix entamé en 1991, les négociateurs des deux parties ont conclu cette entente au terme de discussions ininterrompues depuis les négociations de Taba, en janvier 2001. Les précédentes initiatives de paix ont toujours écarté les questions délicates, les réservant pour la derniére ronde de négociations - une étape jamais franchie. Aux yeux des initiateurs de ce plan, leur document est complémentaire á la « feuille de route », le plan de paix officiel du quartette composé des états-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et de l'ONU.

L'Initiative de Genéve offre un tracé assez précis des deux états : les frontiéres suivraient en majeure partie la Ligne verte de 1967, avec cependant de légéres modifications. Palestiniens et Israéliens consentiraient en outre á de trés importantes concessions. Les premiers renonceraient surtout au droit de retour des réfugiés en Israël, tandis que l'état hébreu verrait le contrôle de la Ville sainte lui échapper á 75 %.

PAR QUI L'ACCORD A-T-IL ÉTÉ NÉGOCIÉ?

Yosso Beillin (á gauche) et Yasser Abed Rabo

Parachevé le 12 octobre 2003 en Jordanie, ce plan non officiel a été négocié par la gauche israélienne (Meretz et Parti travailliste) et, du côté palestinien, par d'anciens ministres et de jeunes cadres du Fatah (parti de Yasser Arafat). Les négociations ont été conduites par l'Israélien Yosso Beillin, l'un des artisans des accords d'Oslo, et par le Palestinien Yasser Abed Rabo, ex-ministre et proche de Yasser Arafat, sous l'égide du ministére des Affaires étrangéres de la Suisse, qui a également financé la rencontre.

Principaux points :

 

CRéATION D'UN éTAT PALESTINIEN

La Palestine serait un état démilitarisé.

Une force de sécurité serait responsable de l'ordre et de la sécurité (notamment en prévenant le terrorisme) et de la surveillance des frontiéres.

Les Palestiniens reconnaítraient Israël comme l'état du peuple juif.

  
 

FRONTIÈRES

Les frontiéres seraient essentiellement délimitées par la « Ligne verte » de 1967.

Les Palestiniens récupéreraient la bande de Gaza dans sa totalité et 97,5 % du territoire cisjordanien.

Un corridor relierait la bande de Gaza á la Cisjordanie. Administré par les Palestiniens, il serait cependant sous souveraineté israélienne.

  
 

JéRUSALEM

La ville de Jérusalem serait partagée entre Palestiniens et Israéliens. Elle deviendrait la capitale des deux états.

Les Palestiniens auraient la souveraineté des quartiers arabe, arménien et chrétien et de l'esplanade des Mosquées (le mont du Temple pour les Juifs).

Israël conserverait sa souveraineté sur le mur des Lamentations, en contrebas de l'esplanade des mosquées, ainsi que sur le quartier juif.

  
 

COLONIES JUIVES

Israël évacuerait en trois phases la plupart des colonies juives de Cisjordanie, y compris celles d'Ariel et d'Efrat et toutes celles de Gaza.

L'état hébreu annexerait cependant á son territoire des colonies cisjordaniennes, notamment Maalé Adumim (la plus grosse colonie) et Guivat Zéev (en banlieue de Jérusalem) et une partie de la région du Gouch Etzion. En échange, les Palestiniens obtiendraient des territoires dans le Neguev, autour de Gaza.

  
 

RéFUGIéS PALESTINIENS

Les Palestiniens renonceraient au droit de retour des réfugiés en Israël, en échange de compensations financiéres. Ils auraient toutefois le droit de vivre en Cisjordanie et a Gaza.

  
 

COMMUNAUTé INTERNATIONALE

Il incomberait au Quartette (composé des états-Unis, de l'Union européenne, de la Russie et de l'ONU) de désigner un représentant qui s'assurerait du respect du plan de paix.

Une force internationale serait responsable du maintien de l'ordre autour des Lieux saints de Jérusalem et surveillerait la force de sécurité palestinienne.

 

LES RÉACTIONS

En Israël, l'actuel chef du gouvernement, tout comme les anciens premiers ministres travaillistes Ehud Barak et Shimon Pérés, ont critiqué ce plan de paix. Ariel Sharon préfére la « feuille de route » á ce plan de paix, qu'il considére « plus dangereux » que les accords d'Oslo. Quant á la population israélienne, elle est divisée.

Pour sa part, le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat n'a pas accepté l'initiative officiellement, même s'il avait initialement dit accueillir positivement l'initiative. Le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, n'a d'ailleurs pas accompagné la délégation palestinienne en Suisse. Plusieurs membres de son parti critiquent d'ailleurs l'accord.

Dans l'ensemble, la communauté internationale accueille bien l'initiative. Le secrétaire d'état américain, Colin Powell, rencontrera les promoteurs de l'entente cette semaine. Il est de son devoir, soutient-il, de s'entretenir avec ceux qui militent pour la paix au Proche-Orient. Il rappelle toutefois que la «feuille de route» du quartette reste le document de référence de Washington. Enfin, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, minimise la portée du projet, insistant lui aussi sur le fait qu'il n'est pas officiel.

3 juin 2003 : sommet Aqaba

Pour la premiére fois, le président Bush rencontre ensemble le premier ministre de Palestine, Mahmoud Abbas, et le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon. Les trois hommes, réunis á Aqaba en Jordanie, discutent de la « feuille de route » que le gouvernement palestinien a adoptée, telle quelle, alors que le Cabinet israélien l'a acceptée en émettant des réserves, notamment sur le retour des réfugiés.

Au cours de la premiére phase, les Palestiniens doivent s'engager á mettre fin á la violence, et Israël á se retirer des secteurs palestiniens, réoccupés depuis le 28 septembre 2000. La nouvelle Constitution palestinienne doit également être rédigée á cette étape. Les Palestiniens organisent dés que possible des élections libres. La décision de passer á la phase suivante, appelée la transition, est prise par le quartette á l'origine de la feuille de route, c'est-á-dire les états-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies.

La deuxiéme phase prévoit la création d'un état palestinien indépendant en fonction de la nouvelle Constitution. Cet état est doté de frontiéres provisoires qu'Israël s'engage á respecter. C'est également au cours de cette étape que l'état palestinien doit être reconnu par l'ONU.

En dernier lieu, des négociations doivent déterminer le statut définitif de l'état palestinien et régler les questions des frontiéres, de Jérusalem, des réfugiés et des colonies. Le réglement définitif mettant fin au conflit israélo-palestinien est prévu pour 2005. Finalement, Israël et une Palestine indépendante et souveraine doivent vivre côte á côte dans la paix et la sécurité.

24 juin 2002 : le plan Bush

L'Autorité palestinienne comme les pays arabes et européens réclamaient l'intervention diplomatique américaine dans le dossier depuis l'élection de George W Bush. En juin, l'administration Bush a fixé ses conditions á la création d'un état palestinien. Le plan de paix américain proposait alors la création, dans les 18 mois, d'un état palestinien « provisoire », susceptible d'accéder á l'indépendance aprés 3 ans. La proclamation de cet état étant conditionnelle á d'importantes réformes politiques.

La stratégie de Washington s'articule autour de trois axes:

– relancer les discussions pour mener á la création d'un état palestinien et au maintien de l'état israélien;

– réformer les institutions palestiniennes;

– réorganiser les services de sécurité palestiniens (pour l'instant assurés par 14 organisations paramilitaires et de services secrets semi-autonomes).

Selon ce plan, qui n'était pas assorti d'un calendrier précis, les réformes des institutions palestiniennes étaient préalables au retrait d'Israël. George W. Bush réclamait également le départ du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Les termes et les frontiéres de l'éventuel état palestinien, tout comme les questions des réfugiés palestiniens et le statut de Jérusalem, devaient rester á débattre. Le plan a été bien accueilli en Israël et en Palestine, mais les attentats palestiniens et les assassinats ciblés israéliens ont rapidement eu raison de ce plan.

Principaux points :

DEMANDES FAITES AUX PALESTINIENS

– élection de nouveaux dirigeants, particuliérement un nouveau chef;

– mise sur pied d'institutions démocratiques;

– réformes financiéres;

– conclusion de nouvelles ententes de sécurité avec Israël.

DEMANDES FAITES AUX ISRAéLIENS

-      effectuer le retrait militaire des villes de Cisjordanie occupées depuis le début de l'Intifada (ce qui équivaudrait á évacuer 40 % de la Cisjordanie);

-      accepter le gel de la colonisation;

-      débloquer les revenus fiscaux des Palestiniens;

-      redonner la liberté de mouvement aux civils palestiniens;

-      á terme, cesser l'occupation des territoires palestiniens en accord avec les résolutions des Nations unies.

28 mars 2002 : la « déclaration de Beyrouth »

La proposition de paix du prince héritier d'Arabie saoudite, Abdallah, a été adoptée au sommet arabe de Beyrouth. Le prince Abdallah ben Abdel Aziz avait exposé une ébauche de son plan de paix dans le New York Times du 17 février 2002. La proposition prévoyait le retrait israélien de tous les territoires occupés depuis la guerre israélo-arabe de 1967 (la Cisjordanie, la bande de Gaza, Jérusalem-Est et les hauteurs du Golan, revendiqués par la Syrie), en accord avec les résolutions de l'ONU, et l'acceptation par Israël d'un état palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est. La proposition réclamait également une solution juste au probléme des réfugiés palestiniens. En retour, les pays arabes proposaient la normalisation des relations avec l'état hébreu et la conclusion d'un accord de paix. (L'égypte et la Jordanie sont les seuls pays arabes á reconnaítre Israël.) Ce n'était pas la premiére fois qu'un pays arabe liait le processus de paix á l'établissement de liens avec l'état hébreu, mais l'aspect inédit de la proposition résidait dans le fait que l'Arabie saoudite, un pays oú la tradition religieuse est trés rigoriste, n'entretenait aucune relation avec Israël, qu'elle a toujours refusé de reconnaítre. Les états-Unis et les pays d'Europe ont accueilli favorablement ce plan, que le gouvernement israélien a toutefois qualifié d'inacceptable.

13 juin 2001 : plan Tenet

Le plan de cessez-le-feu élaboré par le médiateur américain George Tenet, directeur de la CIA, établissait les conditions d'une trêve durable. La proposition prévoyait qu'au terme d'une période de six mois, Palestiniens et Israéliens commenceraient á appliquer les propositions du rapport Mitchell, afin de mettre définitivement un terme á la violence. Sous les pressions des Américains, ce plan a été accepté par les deux parties, sans toutefois trouver d'écho sur le terrain. Une fois de plus.

21 mai 2002 : dépôt du rapport de la commission Mitchell

Présidée par l'ex-sénateur américain George Mitchell, la Commission d'établissement des faits enjoignait Israéliens et Palestiniens de mettre fin immédiatement et sans conditions aux violences. La Commission concluait alors que la visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées n'avait pas causé l'explosion de violence qui a suivi, mais que le moment de la visite était mal choisi et que ses effets provocateurs auraient dû être prévus.

 Principales recommandations:

– cessez-le-feu immédiat;

– gel de la construction de colonies juives;

– mise en Å“uvre d'actions pour contrer le terrorisme;

– limitation de l'usage de la force mortelle par l'armée israélienne;

– empêchement des tirs sur les soldats et les civils israéliens par l'Autorité palestinienne;

– reprise de la coopération des parties en matiére de sécurité;

– négociations pour résoudre le conflit.

Les Palestiniens ont soutenu la mise en Å“uvre immédiate de toutes les recommandations faites par la Commission. Ils auraient toutefois préféré que le rapport parle de la présence d'une force internationale et qu'il prévoie des mesures concrétes visant á mettre en Å“uvre les recommandations. Pour leur part, les Israéliens approuvérent le rapport, tout en rejetant formellement l'appel au gel de la colonisation juive dans les territoires occupés. Israël émettait aussi une seconde réserve sur l'analyse de la répression, par l'armée, des manifestations palestiniennes.

21-27 janvier 2001 : négociations de Taba

Au début de 2001, des négociateurs israéliens et palestiniens entament un marathon de pourparlers á Taba, en égypte. Les deux parties discutent d'une souveraineté partagée sur les Lieux saints de Jérusalem, de la création d'un état palestinien indépendant sur les 9/10 des territoires occupés et d'un droit restreint au retour des réfugiés. Les deux parties se révélent toutefois incapables de conclure un accord global.

23 décembre 2000 : le plan Clinton

Multipliant les contacts diplomatiques avec les Israéliens et les Palestiniens, le président américain Bill Clinton leur propose un nouveau plan de paix, peu avant la fin de son mandat. Israël céderait 95 % de la Cisjordanie et l'ensemble de la bande de Gaza, et la souveraineté sur Jérusalem serait partagée. Le quartier juif reviendrait á l'état hébreu, les quartiers arabe, chrétien et arménien aux Palestiniens. Une force internationale assurerait l'application d'un accord final, et Israël aurait trois ans pour compléter son retrait militaire. L'état palestinien, pour sa part, ne serait pas militarisé et devrait consentir au maintien de prés de 80 % des colonies juives dans les territoires palestiniens. La majeure partie des réfugiés palestiniens et leurs descendants devraient renoncer á leur droit á retourner en Israël. Une centaine de milliers d'entre eux pourraient revenir, les autres devraient s'établir ailleurs avec une compensation issue d'un fonds international. La proposition est rejetée.

16 et 17 octobre 2000 : sommet de Charm el-Cheik

Quelques semaines aprés le début de la deuxiéme Intifada, le sommet Charm el-Cheik, en égypte, réunit des négociateurs des deux camps. L'accord prévoit la fin des actes de violence, la création d'une commission d'enquête (officiellement baptisée « Commission d'établissement des faits ») et la reprise des négociations sur le statut final des territoires palestiniens dans les 15 jours. Le leader palestinien, Yasser Arafat, et le premier ministre israélien de l'époque, Ehud Barak, refuseront toutefois de contresigner l'entente, obtenue sous l'égide du président Clinton.

Lancement de l'Initiative de Genéve

Les deux principaux auteurs du plan, les anciens ministres israélien Yossi Beilin et palestinien Yasser Abed Rabbo

L'Initiative de Genéve, un plan de réglement non officiel au Proche-Orient, a été lancée lundi á Genéve, en Suisse, lors d'une cérémonie rassemblant Palestiniens, Israéliens et des d'invités de marque venus du monde entier.

Les délégations israéliennes et palestiniens comptent 200 personnes chacune.

Les personnalités invitées sont prestigieuses: entre autres, le Sud-Africain Nelson Mandela, les Français Jack Lang, Alain Finkielkraut et Simone Veil, l'Allemand Helmut Schmidt, le Portugais Mario Soares, l'Espagnol Felipe Gonzalez. L'ancien président américain Jimmy Carter, architecte des accords israélo-égyptiens de Camp David en 1979, est aussi présent.

Le plan de paix prévoit des concessions majeures des deux camps et aborde toutes les questions de fond du conflit: le statut de Jérusalem, le sort des réfugiés palestiniens et le tracé des frontiéres. Il y est notamment stipulé qu'Israël se retire de presque toute la Cisjordanie, que la souveraineté de Jérusalem soit partagée et que les Palestiniens. Renoncent au droit de retour en Israël de 3,8 millions de réfugiés.

Rendue publique en octobre dernier, l'Initiative de Genéve est le fruit de trois années de tractations secrétes entre d'anciens ministres palestiniens et israéliens. Ils estiment que leur document est complémentaire á la «feuille de route», le plan de paix officiel, élaboré par les états-Unis, l'Union européenne, la Russie et l'ONU, qui remet á de futures négociations le réglement des questions les plus épineuses.

Les deux principaux auteurs du plan, les anciens ministres israélien Yossi Beilin et palestinien Yasser Abed Rabbo iront présenter ce plan á Washington mardi.

Le gouvernement Sharon s'oppose á cette initiative informelle tandis que la population israélienne est divisée. De son côté, le Fatah, le mouvement du président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, a renoncé á accompagner la délégation palestinienne en Suisse.

 

Lundi, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a minimisé la portée du projet, insitant sur le fait qu'il n'est pas officiel.

À Gaza, des milliers de palestiniens ont manifesté contre l'Initiative, qui prévoit notamment que les réfugiés palestiniens renoncent á leur droit de retour en Israël.

Lundi également, le International Herald Tribune publiait, sous la signature de 58 anciens dirigeants internationaux, un appel invitant la communauté internationale á soutenir cette initiative.

Sur le terrain

Un Palestinien armé a été tué, mardi matin, par des soldats israéliens au cours d'un échange de tirs á Jénine dans le nord de la Cisjordanie. L'homme, âgé de 28 ans, faisait partie des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, une nébuleuse de groupes armés liés au Fatah du dirigeant palestinien Yasser Arafat, ont indiqué des responsables des services de sécurité palestiniens. Il a été abattu par des soldats israéliens qui effectuaient une incursion dans la ville et le camp de réfugiés de Jénine en vue d'arrêter des Palestiniens recherchés.

Le 2 décembre 2003

Le Pacte de Genéve : une initiative pour la paix au Proche-Orient

Cet accord, perçu comme une trahison par le gouvernement israélien d'Ariel Sharon et des Palestiniens, constitue pour ses défenseurs un véritable espoir de mettre fin á un interminable conflit.

Ce plan de paix non officiel entre Israéliens et Palestiniens, parrainé par de nombreuses personnalités, dont les Prix Nobel de la paix Jimmy Carter et Nelson Mandela, a été signé lundi á Genéve.   

En vertu de l'Initiative de Genéve, les Israéliens évacueraient la presque totalité de la Cisjordanie. Pour leur part, les Palestiniens renonceraient au droit au retour de millions de réfugiés. Cette renonciation inquiéte toutefois au plus haut point les communautés de réfugiés de la Jordanie, du Liban et de la Syrie.   

Le gouvernement canadien accueille favorablement le Pacte de Genéve. Selon le ministre des Affaires étrangéres, Bill Graham, cet accord de paix symbolique est complémentaire á la feuille de route, mise de l'avant par Washington, Moscou, l'ONU et l'Union européenne.   

Les principaux instigateurs de l'Initiative de Genéve vont rencontrer le secrétaire d'état américain en fin de semaine á Washington, a fait savoir un signataire du plan de paix officieux, le député travailliste Avraham Burg. Le vice-premier ministre israélien, Ehud Olmert, dénonce la tenue de cette rencontre qui, selon lui, est une erreur et une décision incorrecte pour Colin Powell. Le porte-parole du département d'état américain a réaffirmé que Washington voulait saluer les efforts des promoteurs du projet de Genéve pour ouvrir un dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Il a ajouté que la politique de l'administration consistait á soutenir la feuille de route pour parvenir á un réglement final.   

Pierre Maisonneuve reçoit : Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient.

L'Initiative de Genéve est officiellement lancée

En présence de nombreux dignitaires étrangers, dont l'ancien président américain Jimmy Carter, l'Initiative de Genéve a été officiellement lancée aujourd'hui en Suisse. Elle se veut une proposition de paix détaillée qui permettrait de mettre fin au conflit israélo-palestinien.  

Si une majorité de la population est favorable á ce plan non-officiel, tant du côté israélien que palestinien, les leaders politiques ne semblent pas quant á eux vraiment enthousiaste face á cette initiative de progressistes israéliens et palestiniens. 

  Le gouvernement d'Ariel Sharon s'y oppose et le Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, a décidé de ne pas se joindre á la délégation qui s'est rendue en Suisse. Quant aux Américains, leur émissaire au Proche-Orient, William Burns, a déclaré que Washington ne soutenait aucun plan de paix « officieux». Les mouvements radicaux palestiniens sont également farouchement opposés au projet.   

L'Initiative de Genéve propose un réglement aux principaux litiges qui opposent Israéliens et Palestiniens : le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés palestiniens, le sort des colonies juives implantées dans les territoires occupés et le tracé des frontiéres d'un futur état palestinien.  

Le Pacte de Genéve vu d'Israël et de la Palestine

Accord symbolique qui offre une solution véritable au conflit israélo-palestinien, le Pacte de Genéve est loin de faire consensus. De quelle marge de manoeuvre dispose Yasser Arafat et Ariel Sharon?  

Du côté du gouvernement israélien, on semble farouchement opposé á l'initiative. On demande même au secrétaire d'état américain, Colin Powell, de ne pas rencontrer les promoteurs du Pacte.  

Quant au leader palestinien Yasser Arafat, s'il n'a pas officiellement approuvé les modalités du Pacte, il a á tout le moins salué l'initiative. Par contre, certains mouvements extrémistes palestiniens ont catégoriquement rejeté le Pacte.   

Sans frontiéres vous proposez un débat sur la question avec Camille Mansour, professeur de sciences politiques á l'université Paris I, et Denis Charbit, professeur de politique israélienne contemporaine á l'université de Tel Aviv. 

Le pacte de Genéve

[4 novembre 2003]

Le pacte de Genéve suscite des attentes et des critiques. Ce nouveau plan de paix agace le premier ministre d'Israël, Ariel Sharon, qui préfére la précédente « feuille de route ».   

Ce nouveau plan a été négocié en catimini par la gauche israélienne et des éléments du Fatah palestinien. C'est le plan le plus ambitieux, celui qui régle tout.   

Le plan propose deux états, tracés á partir des frontiéres de 1967. La bande de Gaza serait restituée aux Palestiniens, ainsi que 97,5 % de la Cisjordanie. La Palestine reprendrait les colonies de peuplement. Jérusalem deviendrait la capitale de deux états.   

La question des réfugiés est plus complexe : 3,5 millions de Palestiniens essaiment par le monde. Solution : les Palestiniens cédent Jérusalem, tandis que les réfugiés rapatriés restent en Palestine.   

Les maniéres fortes d'Ariel Sharon ne fonctionnent pas. Des réservistes de Tsahal, l'armée israélienne, refusent de se battre. La popularité d'Ariel Sharon baisse parmi la population israélienne.   

Un sondage Euro-barométre, desservi dans 15 pays de l'Union européenne, dévoile que 59 % des répondants placent Israël en tête des pays qui menacent la paix dans le monde.   

Le temps presse. Les Américains risquent de se retirer du dossier Israël-Palestine, á la lumiére des élections présidentielles de 2004.

LES GROUPES ARMÉS PALESTINIENS

Ce n'est qu'aprés la guerre des Six Jours, en 1967, que les groupes armés palestiniens ont véritablement commencé á mener une guérilla contre Israël. Au fil des années, les détournements d'avion d'hier ont fait place aux attaques contre l'armée, puis aux attentats-suicides. Islamistes, laïcs ou de gauche, les militants se distinguent par leurs valeurs, leurs objectifs et leurs moyens d'action. Selon le cas, la lutte contre Israël est perçue comme une guerre de religions, un conflit entre deux peuples ou une forme de guerre coloniale. Les groupes les plus actifs gravitent tous deux autour de partis politiques : les Brigades des martyrs d'al-Aqsa sont proches du Fatah de Yasser Arafat, tandis que les Brigades Ezzedine al-Qassam constituent, de façon non équivoque, la branche armée du Hamas. Groupuscule ayant á sa tête des chefs politiques, le Djihad islamique se définit principalement par son action armée. Dans une catégorie á part, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), plus marginaux, sont des formations politiques menant aussi des activités qu'elles qualifient de « militaires ». Tour d'horizon de ces principaux groupes armés.

Les Brigades des martyrs d'al-Aqsa

« Les Brigades constituent le plus important développement qu'ait connu le Fatah sur le plan militaire depuis 25 ans. Elles continueront d'exister tant que l'occupation durera. »

Marwan Barghouti, chef du Fatah en Cisjordanie

Le groupe a revendiqué l'attentat-suicide perpétré dans un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem le 2 mars 2002 et l'attaque du lendemain contre un poste de contrôle militaire de Cisjordanie. Bilan : 22 victimes du côté israélien.

Nouvelles venues sur la scéne des groupes armés, les Brigades des martyrs d'al-Aqsa semblent devenir le fer de lance de la résistance palestinienne : elles ont revendiqué la majorité des attentats perpétrés depuis le début de 2002. Elles ont été mises sur pied pour venger les Palestiniens morts au cours des premiers affrontements de l'Intifada, survenus en septembre 2000, prés de la mosquée al-Aqsa, sur l'esplanade des Mosquées, á Jérusalem-Est. Fonctionnant en unités autonomes, les Brigades sont proches du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Celui-ci ne les reconnaít pas officiellement, mais plusieurs membres du parti appartiennent également á ce groupe armé. Plusieurs observateurs prétendent que le Fatah a, á tout le moins, toléré la création de ces brigades afin de faire sentir aux Palestiniens, dont une vaste proportion soutient les attentats, qu'il offrait une résistance á Israël.

Des femmes kamikazes

La participation de femmes á des attentats-suicides reste un phénoméne trés marginal. La premiére kamikaze palestinienne de sexe féminin, Wafa Idriss, était liée aux Brigades des martyrs d'al-Aqsa. En janvier 2002, elle s'est fait exploser en plein cÅ“ur de Jérusalem, amenant dans la mort un Israélien en plus de blesser une centaine de personnes.

Inculpé pour « meurtre, complicité de meurtre, tentative de meurtre, participation á un groupe terroriste et détention d'armes et d'explosifs » , Marwan Barghouti a été condamné par la justice israélienne á la prison á vie

Les Brigades des martyrs d'al-Aqsa forment une organisation laïque dont les actions reposent sur des motivations politiques et non religieuses. Contrairement á d'autres groupes palestiniens armés, leur but n'est pas de fonder un état islamique, mais elles exploitent cependant le sentiment religieux. À l'origine, leurs attaques visaient les colons juifs et les soldats israéliens de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Aprés un bref cessez-le-feu, le groupe s'est radicalisé á la suite de la mort de son chef, Raed Karmi, dans un attentat á la bombe attribué á l'armée israélienne, en janvier 2002. Depuis, ses membres ont revendiqué plusieurs attentats-suicides perpétrés en territoire israélien. Selon les Israéliens, leur mentor est Marwan Barghouti, secrétaire général du Fatah en Cisjordanie. Leurs sources de financement et le nombre de leurs membres demeurent inconnus. Certains membres du Fatah sont en faveur de la dissolution des Brigades, tandis que les plus radicaux voudraient en faire le bras armé de la résistance palestinienne.

Se tuer au nom d'Allah ou de la patrie

Traditionnellement, les kamikazes se tuaient au nom de leur religion. Fait nouveau, les groupes armés laïcs revendiquent de plus en plus des attentats-suicides, les militants se sacrifiant pour une patrie qu'ils voudraient voir exister.

« Les Brigades ne vont pas arrêter les opérations des martyrs, sauf si Israël se retire des territoires palestiniens, libére les détenus et cesse d'assassiner des dirigeants palestiniens. »

communiqué du 12 août 2002

Les Brigades Ezzedine al-Qassam (Hamas)

« Nous avons les moyens pour résister et offrir des martyrs pour 20 années encore. » Khaled Machaal, dirigeant politique du Hamas

Les Brigades Ezzedine al-Qassam (du nom d'un ancien combattant nationaliste arabe actif avant la création d'Israël) constituent la branche armée du Hamas, aussi connu sous le nom de « Mouvement de la résistance islamique », dont il est l'acronyme en arabe. Fondé par le cheikh Ahmed Yassine dans la foulée de l'Intifada de 1987, le Hamas constitue maintenant la deuxiéme force politique des territoires palestiniens mais aussi leur principal mouvement islamique. Le Hamas, qui se pose en farouche opposant du processus de paix amorcé par les accords d'Oslo, en 1993, semble chaque fois saisir l'occasion de le faire dérailler lorsqu'un signe d'espoir se manifeste. Aux yeux de ses partisans, qui rejettent toute solution diplomatique, seule la guerre sainte peut résoudre le probléme israélo-palestinien. Son objectif á court terme est de forcer l'armée israélienne á se retirer complétement des territoires palestiniens.

Partes: 1, 2, 3, 4, 5
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