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L’impact de la femme marocaine immigrée en Espagne sur la société d’origine

Enviado por samira


    L"impact de la femme marocaine immigrée en Espagne sur la société d"origine – Monografias.com

    L"impact de la femme marocaine immigrée en Espagne sur la société d"origine

    L"Espagne a été durant plus d"un siècle un pays d"émigration. Les flux migratoires étaient nombreux vers le continent américain et au Maghreb.

    Au XX e siècle, la croissance économique du pays permettra à l"Espagne d"entrer dans la CEE en 1986. En effet, à la fin des années 80, l"Espagne devient un pays d"immigration. Elle devient une terre d"accueil pour de nombreux étrangers qui proviennent d"Amérique Latine, d"Europe, d"Afrique, d"Asie. Dans cette mosaïque de nationalité se trouve la communauté marocaine. Sa présence a augmenté au fil des années. En 2003, ils étaient 333.770[1]En 2009, les Marocains représentent 767.784 dont 299.190 sont des femmes[2]

    La femme marocaine joue un rôle prépondérant. En effet, certaines femmes ont un parcours migratoire relatif à leur situation personnelle.

    L"arrivée de ces femmes marocaines en Espagne s"est faite selon 3 cas :

    Le 1er cas : grâce au regroupement familial, les femmes sont arrivées par l"intermédiaire de leurs époux qui travaillent en Espagne.

    Le 2ème cas : elles sont mariées et sont arrivées dans un premier temps seules grâce à une offre d"emploi trouvée par l"intermédiaire de leur réseau social : la famille, les amis installés en Espagne. C"est à ce moment là, que sa famille proche, son conjoint et ses enfants mineurs peuvent venir la rejoindre sous certaines conditions.

    Le 3ème cas : elles sont célibataires, divorcées, veuves, et décident de quitter le pays pour améliorer leurs conditions de femmes.

    La majorité de ces femmes proviennent du Nord du Maroc et du Maroc Atlantique.

    L"image de la femme immigrée marocaine va se transformer dans le pays d"accueil. Il est important de signaler que l"analyse de l"immigration en Espagne porte principalement sur les hommes marocains. Les études sur la femme sont récentes et moindres. Elles ont toujours été présentées comme épouses et leur rôle restait secondaire car les chercheurs et les sociologues[3]analysaient plus volontiers l"émigration masculine, en pensant que les femmes n'existaient pas. Elles ne représentaient que la mère de famille où la sœur d"un frère. Depuis les années quatre-vingt-dix, les femmes, seules, commencent à prendre le chemin de l"émigration et quittent leurs familles pour améliorer leur situation.

    Nous allons essayer de faire le portrait de certaines de ces femmes immigrées marocaines en Espagne. Pour cela, nous allons faire référence à nos études de terrains réalisées auprès d"une centaine de femmes qui résident à Madrid. Les autres sources auxquelles nous renvoyons sont celles des ouvrages que certains anthropologues[4]ont écrit à leur sujet. Nous pensons qu"il n"est pas facile d"avoir une idée concrète de l"image de ces femmes. Le fait d"avoir eu un contact permanent et presque au quotidien avec elles, nous ont permis de comprendre leur vie. [5]

    Ce qui attire notre attention, c"est que la plupart de celles qui résident en Espagne sont arrivées seules. En effet, elles ont pris le chemin de l"émigration sans enfants et sans mari. Généralement, il s'agit, soit de célibataires soit de mères de famille, ou encore de femmes divorcées. La situation de la femme dans le pays d"accueil change totalement.

    Au Maroc leur statut est différent car elles sont soit sous la responsabilité de la famille soit sous celle de leur époux. L"émigration leur permet d"acquérir une certaine indépendance à tous les niveaux. Elles deviennent en quelque sorte le pilier de la famille et leur place évolue, car elles envoient de l"argent au Maroc et elles soutiennent économiquement leur famille. Elles ont un certain pouvoir et lorsqu"elles rentrent au pays, elles sont respectées. Le fait que la femme devienne une rentrée d"argent et acquière de l"importance pose des problèmes quand elles sont mariées. L"homme a du mal à accepter cette indépendance parce qu"il remarque ce changement de statut par rapport à lui aussi.

    Elle devient plus libre, dans le sens où elle devient responsable car elle travaille et contribue au bon fonctionnement de la famille. Elle donne son point de vue et son avis est primordial pour les membres de la famille. Nous pouvons aller jusqu"à dire qu"elle s"impose, surtout si celle-ci est célibataire et que ses parents et ses frères et sœurs sont au Maroc.

    En leur envoyant de l"argent tous les mois, elle les soutient financièrement et quand il y a des décisions importantes, son point de vue est pris en considération. Au Maroc, la femme célibataire n"a pas de statut parce qu"elle dépend de l"autorité parentale où familiale. La liberté de la femme est restreinte dans certaines familles. Il faut expliquer qu"une femme mariée et une femme célibataire ainsi qu"une femme divorcée ont des statuts différents au Maroc. Ce sont trois cas différents. Dans le pays d"accueil, le statut de la femme marocaine change complètement.

    La femme immigrée, en Espagne, a un autre mode de vie, en général, elle travaille, et a de grandes responsabilités, qui sont nombreuses, comme celle de s"occuper de sa famille en Espagne et de celle restée au Maroc. Nous avons constaté que son image en Espagne, est différente de celle qui se trouve au Maroc. La société marocaine reste plus ou moins la même, car elle demeure conservatrice. L"image de la femme en Espagne change, car si elle provient du monde rural elle doit s"adapter au pays d"accueil et cela crée des crises d"identités.

    En effet, en Espagne elle doit passer inaperçue et s"intégrer. Ce n"est pas seulement la femme mais aussi la communauté marocaine tout entière qui doit s"intégrer et s"adapter au pays d"accueil afin de ne pas rencontrer des problèmes dans la vie quotidienne. Pour certains sociologues espagnols, la femme marocaine immigrée a un profil divers.

    En effet:

    «Durante años las mujeres aparecen invisibles, identificados únicamente con relación a sus maridos… Muchas están aquí sin poder autónomo, y a su llegada tienen que reinventar la vida diaria, aprender la lengua, habituarse a las nuevas costumbres, adaptarse a una nueva distribución del tiempo[6]»

    L'intégration pour ces femmes passe par plusieurs phases, apprendre, acquérir la langue, s'adapter à la société d'accueil, se dégager des traditions qui lui étaient inculquées dans son milieu d'origine. Un autre exemple repris par une autre sociologue présente la femme immigrée de cette manière:

    «El perfil de las marroquíes que inmigran a Catalunya se está diversificando desde mediados de los 90. Si anteriormente había predominado la llegada de mujeres reagrupadas por el marido o el padre, que a menudo llevaba ya varios años residiendo en Catalunya, a partir de mediados de los noventa empieza a cobrar importancia la llegada de mujeres solteras o divorciadas con un proyecto migratorio eminentemente laboral.[7] »

    L'arrivée de femmes marocaines seules donne une grande diversité au niveau de la mobilité des populations. La femme marocaine en Espagne acquiert une position différente dans la mesure où elle se considère en général plus émancipée et plus libre car elle se trouve dans un pays occidental.

    La communauté marocaine est considérée comme relevant d'une immigration familiale. Nous retrouvons le père, la mère et les enfants. Les femmes seules qui sont considérées comme « émancipées », les anciens étudiants, les mineurs non accompagnés sont un autre aspect de cette immigration.

    Les femmes, dès leur première entrée en 1986 étaient relativement âgées, femmes au foyer, profil qui contraste avec celui des régularisations ultérieures impliquant des femmes plus jeunes et indépendantes.

    En 2005, les femmes marocaines (170.498) représentaient 33,3% de l'ensemble de l'effectif des Marocains en Espagne. L"article de Gema Martín Muñoz montre la femme immigrée marocaine comme indépendante, et grâce à l"émigration, celle-ci a beaucoup évolué. Après avoir réalisé une étude de terrain elle conclut cela:

    « En Espagne, 32% des Marocains sont des femmes qui émigrent seules (c"est- à-dire qu'elles ne le font pas dans le cadre du regroupement familial). Elles arrivent toutes seules, comme les hommes et se mettent à chercher du travail. Elles jouent donc, par conséquent, un rôle de plus en plus important en tant qu'agent de développement et d'intégration culturelle. De fait, nous sommes en mesure de dire, d'après les interviews que nous avons réalisées, que leur "efficacité interculturelle" (c"est-à-dire la mise au point de stratégies d'adaptation capables d'intégrer ce qui est nouveau sans rompre pour autant avec ce qui leur appartient en propre) et leur insertion dans le pays d'accueil sont beaucoup plus grandes que celles des hommes[8]»

    La venue de ces jeunes femmes marocaines seules montre un signe d'émancipation. Lors de notre enquête de terrain réalisée[9]auprès d'une centaine de femmes d'origine marocaine et grâce à notre collaboration durant six années au sein d'une association d'immigré[10]nous avons rencontré des femmes marocaines, seules, indépendantes et qui pour la plupart étaient des femmes très actives. Elles travaillaient dans le tertiaire en tant que femmes de ménage ou en tant que domestiques dans les familles bourgeoises espagnoles. Il s"agit donc d"une immigration féminine autonome.

    À partir des années 90, le profil de la femme marocaine immigrée change, elle arrive en Espagne avec un niveau d"instruction élevé. La plupart de ces femmes s"impliquent dans le milieu associatif et participe à donner une autre image de la femme. En effet, il existe plusieurs associations de femmes marocaines en Espagne[11]qui jouent un rôle fondamental dans l"effort de l"intégration et qui donne aussi par la même occasion une bonne image du pays d"origine.

    Les femmes marocaines immigrées en Espagne maintiennent un contact permanent avec leur pays d"origine et cette nouvelle image leur permet d"acquérir un autre statut au sein de la société marocaine. Elles sont respectées dans la mesure où elles transmettent une image de réussite. Elles prennent des décisions et investissent dans leurs pays d"origine. L"immigration en Espagne leur ouvre les portes au sein de la société marocaine et elles ont un statut différent de celles qui vivent au Maroc.

    BIBLIOGRAPHIE

    Gema Martín Muñoz. Entre mondialisation et protection des droits. Dynamiques migratoires marocaines : histoire, économie, politique et culture. Casablanca, 13, 14, et 15 juin 2003. Université Autónoma de Madrid. Perceptions et réalité des Marocains en Espagne.

    Ministerio de Trabajo y Asuntos sociales. Anuario estadístico de extranjería, Madrid, 2004.

    Observatorio permanente de la inmigración. Secretaria de Estado de Inmigración y Emigración. Anuario estadístico de inmigración 2009. Ministerio de Trabajo e Inmigración, Madrid, 2010.

    Sarai Samper. El cambio de los discursos sobre el Islam de las mujeres marroquíes inmigrantes en la región metropolitana de Barcelona. Barcelona: Instituto de la mujer, 2002/2004.

    Teresa Losada Campos. La mujer marroquí en España. Fundación Pablo Iglesias, Madrid, 1993.P.32.

     

     

     

    Autor:

    Samira

     

    [1] Tir? de Ministerio de Trabajo y Asuntos sociales. Anuario estad?stico de extranjer?a, Madrid, 2004.

    [2] Observatorio permanente de la inmigraci?n. Secretaria de Estado de Inmigraci?n y Emigraci?n. Anuario estad?stico de inmigraci?n 2009. Ministerio de Trabajo e Inmigraci?n, Madrid, 2010.

    [3] La plupart des auteurs espagnols traitent plus de l?immigration marocaine des hommes que des femmes par exemple?: Bernab? L?pez Garc?a, Ubaldo Mart?nez Veiga, Pablo Pumares, Joan Lacomba.

    [4] Gema Mart?n Mu?oz, Mar?a ?ngeles Ram?rez, Laura Oso, Mary Nash, Carlota Sol?, Pilar Ari?o Gim?nez, Mar?a ?ngeles Roque, Aicha Belarbi, nous remarquons que la plupart qui ?crivent sur les femmes sont des sociologues femmes ou professeurs.

    [5] Ma?trise de Samira Karam. La mujer marroqu? inmigrante en Madrid a principios del a?o 2000 sous la direction de M.Enrique Fraga. Universit? de Toulouse II-le Mirail, 2001.

    [6] Teresa Losada Campos. La mujer marroqu? en Espa?a. Fundaci?n Pablo Iglesias, Madrid, 1993.P.32.

    [7] Sarai Samper. El cambio de los discursos sobre el Islam de las mujeres marroqu?es inmigrantes en la regi?n metropolitana de Barcelona. Barcelona: Instituto de la mujer, 2002/2004.

    [8] Gema Mart?n Mu?oz. Entre mondialisation et protection des droits. Dynamiques migratoires marocaines?: histoire, ?conomie, politique et culture. Casablanca, 13, 14, et 15 juin 2003. Universit? Aut?noma de Madrid. Perceptions et r?alit? des Marocains en Espagne.

    [9] Cf. sujet de maitrise de S, Karam r?alis?e durant les ann?es 2000/2001 ? Madrid.

    [10] ASISI: Asociaci?n Solidaria para la Integraci?n Sociolaboral del Inmigrante, nous enseignions la langue fran?aise b?n?volement aupr?s de nombreux immigr?s et nous accueillions les nouveaux arrivants nous facilitions leur int?gration ? Madrid. Nous avons collabor? directement de 2000 ? 2006.

    [11] Exemples d?associations implant?es en Espagne: Al Anwar (Asociaci?n de mujeres marroqu?es en Espa?a) Amal ( Asociaci?n de mujeres inmigrantes marroqu?es) Amomic (Association des femmes d?origine marocaine pour l?interculturalit?).